Est-ce que m’autoriser à penser et à partager à d’autres mes réflexions à l’écrit, revient à « m’auto-ériger en penseuse » ?
Suis-je moins légitime dans l’acte de penser que les philosophes anciens ou contemporains ?
Dois-je attendre que d’autres valident de leur approbation mon droit à partager par l’écriture ? Autrement dit, dois-je remettre entre les mains d’un autre être que moi, la capacité de juger qui je suis ? Et, ce que je devrais faire ? Dois-je attendre que d’autres m’autorisent à être ce que je veux être ou à faire ce que je veux faire ?
Si j’en crois Descartes dans sa quête de vérité, la réalité de la pensée est la seule chose dont je ne peux douter. “Cogito ergo sum”. Je pense donc je suis.
L’être humain est conscient du fait qu’il pense. Quand bien même tout ce que je pense serait faux ; l’acte même de penser prouve que j’existe.
Alors, si comme tout être humain, je pense : devrais-je me contraindre à garder mes pensées pour moi, sous prétexte que de nombreux philosophes ont pensé avant moi ? Sous prétexte que je ne suis pas moi-même philosophe ? Ou que ma culture philosophique est perfectible ?
Les pensées d’un philosophe ont-elles plus de valeur que celles d’un autre être humain ?
D’après le dictionnaire Larousse, le terme « philosophe » vient du grec philosophos : ami de la sagesse. Plusieurs définitions sont acquises à la philosophie. La première étant :
" Ensemble de conceptions portant sur les principes des êtres et des choses, sur le rôle de l’homme dans l’univers, sur Dieu, sur l’histoire et, de façon générale, sur tous les grands problèmes de la métaphysique. "
Je n’ai pas la prétention de penser « les grands problèmes de la métaphysique » ni de tout savoir ou de détenir LA vérité sur « les principes des êtres et des choses, sur le rôle de l’homme dans l’univers, sur Dieu, sur l’histoire ».
J’envisage davantage mon acte de penser comme le 4 ème sens donné par le Larousse au mot :
" Manière de voir, de comprendre, d’interpréter le monde, les choses de la vie, qui guide le comportement : Chacun a sa philosophie. "
Devrais-je donc m’interdire de partager mes réflexions, sous prétexte qu’elles sont uniquement et simplement miennes ? Sous prétexte que je ne suis pas assez cultivée, pas assez intellectuelle, pas assez expérimentée ? Pas assez tout court… ?
Les philosophes et penseurs officiels, sont-ils les seuls à être assez (bien) pour cela ?
Ou… sont-ils les seuls à s’y autoriser pleinement ?
Après une dizaine d’années à étudier les relations humaines et la construction du sentiment de honte, la chercheuse américaine Brené Brown différencie les personnes qu’elle a étudiées en deux groupes :
Elle découvre que ce qui caractérise ceux du second groupe est « un sens du courage ». Le mot courage trouve son origine dans le mot « cœur ».
Être courageux reviendrait à raconter qui nous sommes de tout notre cœur.
Ces gens avaient le courage d’être imparfaits. Ils avaient assez de compassion pour être tolérants envers eux-mêmes et envers les autres. Leur capacité à quitter l’image de « ce qu’ils devaient ou devraient être » pour « être ce qu’ils sont »; leur permettait d’entrer authentiquement en relation avec l’autre. Ces personnes acceptaient avec courage, la nécessité de leur inconfortable vulnérabilité. Lorsqu’elles étaient interviewées par la chercheuse sur des sujets tels que l’amour ou le bonheur; ces personnes se focalisaient beaucoup moins sur les événements tragiques vécus, que les autres.
C’est ainsi que Brené Brown, chercheuse inconditionnelle du mesurable dont le souhait absolu était de tout contrôler, découvre que « La meilleure façon de vivre est d’accepter sa vulnérabilité et d’arrêter de contrôler et de prévoir. »
Pourquoi arrêter ?
Parce que nous ne pouvons pas sélectionner parmi nos émotions, celles que nous voulons ressentir de celles que nous ne voulons pas ressentir. Alors nous nous anesthésions pour ne pas être blessés. En anesthésiant la colère, la peur, la honte, la blessure …, nous anesthésions également la joie, la gratitude, l’amour… que nous pourrions pleinement vivre. En acceptant notre vulnérabilité.
Si j’en crois les travaux de Brené Brown, je n’ai nul besoin d’attendre l’aval d’un.e autre qui estimerait que je suis assez bien pour partager mes pensées par écrit.
Ne suis-je pas la seule à avoir le pouvoir de créer ma vie ?
Ne suis-je pas pleinement responsable dans le fait de devenir ou non qui je souhaite être ?
Ecrire m’a toujours mise en joie. Mon enfance plongée dans les livres (rarement philosophiques…), m’a très vite donnée le goût de raconter en mettant en mots, en phrases; ce que j’avais dans la tête. Coucher sur le papier donne forme aux idées. Cela me permet de prendre de la hauteur, de les déconstruire pour les reconstruire ; parfois différemment, parfois sans changement. Cela m’ouvre à d’autres idées, à d’autres pistes ; à ajouter ou à mettre de côté. Peut-être, pour plus tard.
Oui mais voilà. Très vite en grandissant, le doute m’assaille ! Est-ce que cela va intéresser quelqu’un ? Est-ce que cela est pertinent ? Est-ce que cela apporte quelque chose ? Si personne ne lit ce que j’écris, est-ce que je ne perdrais pas mon temps ?
- " Vous avez peur de n’avoir aucun talent.
- Vous avez peur d’être rejeté, critiqué, ridiculisé, incompris ou — et c’est le pire — ignoré.
- Vous avez peur qu’il n’y ait aucun marché pour votre créativité et qu’il soit inutile de la cultiver.
- Vous avez peur qu’un autre ait déjà fait la même chose que vous, en mieux. (clin d’œil aux philosophes !)
- Vous avez peur que quelqu’un vole vos idées et vous préférez donc les garder cachées de tous.
- Vous avez peur de ne pas être pris au sérieux.
- Vous avez peur que votre œuvre ne soit pas assez importante politiquement, émotionnellement ou artistiquement pour changer la vie de quiconque.
- Vous avez peur que vos rêves soient ridicules.
- Vous avez peur de considérer rétrospectivement un jour vos tentatives créatives comme une énorme et stupide perte de temps, d’énergie et d’argent. […]
- Vous avez peur de ne pas avoir les diplômes voulus. […]
- Vous avez peur d’être dénoncé comme un écrivaillon ou un imbécile, accusé de dilettantisme ou de narcissisme.
- Vous avez peur de contrarier votre famille avec ce que vous pourriez révéler.
- Vous avez peur de ce que diront votre entourage ou vos confrères si vous exprimer à haute voix votre vérité intime. […]
- Vous avez peur que le meilleur de votre œuvre soit derrière vous.
- Vous avez peur de n’avoir pas de meilleur de votre œuvre du tout. […]
- Vous avez peur d’être trop vieux pour vous y mettre.
- Vous avez peur d’être trop jeune pour vous y mettre. »
Cette liste est longue… et pourrait bien être sans fin non ?!
Elle est extraite du livre « Comme par magie » d’Elizabeth Gilbert : auteure de très nombreuses chroniques publiées dans divers magazines et journaux et de plusieurs livres dont “ Eat, Pray, Love : One Woman’s Search for Everything Across Italy, India and Indonesia” vendu à 10 millions d’exemplaires dans le monde.
Et c’est elle.
Elle, l’ écrivaine à succès, qui nous liste toutes les peurs auxquelles nous devons faire face pour oser assumer notre créativité. C’est qu’elle en connait un rayon sur le sujet pour l’avoir expérimenté régulièrement !
C’est ainsi que j’ai décidé de m’autoriser enfin à écrire. Et à partager ce que j’écris. Parce que me l’autoriser est bien plus vaste que le geste d'écrire…
Il s’agit de m’autoriser à ETRE.
Etre imparfaite, vulnérable, humaine.
Il s’agit ensuite de m’autoriser à faire. M’autoriser à réaliser des actions qui résonnent en moi, qui font vibrer mon corps, mes sens, mon âme.
Des actions qui me mettent en joie et font sens pour moi.
Ce n’est pas parce-que certains se l’interdisent, que vous ou moi, devons aussi nous l’interdire et priver le monde de notre lumière !
Je précise que je ne détiens pas LA vérité puisque d’après les travaux de Geraint Rees (Institut of cognitive neurosciences), il y a autant de perceptions que de cerveaux !
“ Notre peur la plus profonde n’est pas que nous ne soyons pas à la hauteur.
Notre peur la plus profonde est que nous sommes puissants au-delà de toute limite.
C’est notre propre lumière et non pas notre obscurité qui nous effraie le plus.
Nous nous posons la question : « qui suis-je, moi, pour être brillant, radieux, talentueux, merveilleux ? »
En fait, qui êtes-vous pour ne pas l’être ? Vous êtes un enfant de Dieu.
Vous restreindre, vivre petit ne rend pas service au monde.
L’illumination n’est pas de vous rétrécir pour éviter d’insécuriser les autres.
Nous sommes nés pour rendre manifeste la gloire de Dieu qui est en nous.
Elle ne se trouve pas seulement chez quelques élus : elle est en chacun de nous et au fur et à mesure que nous laissons briller notre propre lumière, nous donnons inconsciemment aux autres la permission de faire de même.
En nous libérant de notre propre peur, notre présence libère automatiquement les autres.” *
A celles et ceux qui pourraient être gênés par le terme « Dieu » [ du latin deus, lui-même issu de la racine indo-européenne dei- « briller »] utilisé dans ce texte, je propose de l’appréhender dans ce texte comme « le principe d’explication et d’unité de l’univers ».
*Texte de Marianne Williamson, écrivaine américaine, qui aurait été prononcé par Nelson Mandala lors de son discours d’investiture à la présidence en 1994.
Pour aller plus loin...
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