Explorer le vivant sans enfanter ?

La pression sociale quand au fait de ne pas encore avoir d’enfant, est devenue si prégnante qu’elle “m’oblige” à une introspection.

“ Et toi ? Toujours pas d’enfant ?”
“ Je me demandais quand est-ce que tu te mettrais à faire un enfant ?”

 

Quand vous n’avez pas très tôt compris que vous n’étiez pas faite pour être mère ou au contraire rêvé toute votre vie de materner, s’offre alors à vous la complexe aventure de détricoter vos profondeurs afin de comprendre comment vous vous positionnez et pour quoi.

 

Parce-que les ressources pouvant nourrir cette réflexion sont si rare, je vous offre ici le fil de mon cheminement intime sur ce sujet délicat rendu parfois angoissant par les regards incompréhensifs dans une société où la volonté de s’interroger sur le sujet est déjà vu comme hérésie. Cet article est tel une photographie, un état de mes pensées et ressentis aujourd’hui. Il ne fige rien, n'est pas exhaustif, ne prédit pas l'à-venir et ne détient aucune vérité, si ce n’est la mienne que je tente de saisir à un instant T en écrivant ses mots.

 

Le sens de la vie

S’il y a bien une phrase à propos des enfants qui me hérissent le poil de frayeur, c’est celle-ci : “Mes enfants sont le sens de ma vie”.


Je vois une infinité de nuances entre la présence d’enfants qui donnent incontestablement un sens à la vie de leurs parents (encore faut-il que ce sens convienne audit parents) et le fait qu’ils soient LE sens de la vie de leur parents.

Je repense à l’enfant que j’étais et je trouve bien lourde la tâche d’être le sens de la vie d’adultes qui n’auraient pas su trouver un sens à leur vie par eux-mêmes. J’ai cette sensation inexplicable au fond de moi, que faire des enfants pour donner un sens à ma vie, serait déléguer l’essence même de mon existence à un petit être qui n’aurait rien demandé et se trouverait alors lesté d’un boulet aux chevilles.

Ce qui ne m’empêche pas de reconnaître que la présence d’une progéniture biologique ou adoptive, puisse grandement (voire totalement) influencer la direction et le quotidien de la vie des parents.
Je suis même entourée d’exemples d’adultes dont toute la vie est dirigée par la présence de leurs enfants. Du lieu de vie pour assurer une place dans la meilleure école et un cadre de vie favorisant leur développement, au travail effectué, intimement lié au montant de la rémunération afin d’offrir toutes ses chances de réussite à la descendance, en passant par l’organisation du quotidien et le rythme des journées. Nombreux sont les parents que je connais, qui dans l’intimité d’une conversation à coeurs ouverts, s’interrogent sur leurs rêves oubliés et se résignent à continuer de mener la vie qu’ils ont, pour le bien de leurs enfants.


C’est peut-être le paradoxe parental ?

Où la propension à se sacrifier pour assurer la longévité de la lignée familiale, du patrimoine génétique, de l’espèce humaine.

 

Choisir mon enfant intérieur

Je vais avoir 35 ans et je me sens adulte depuis bien peu de temps. Depuis que j’ai déconstruit la vie que j’avais principalement échafaudée sur les attentes de la société.
J’ai la sensation que cela fait si peu de temps que j’ai trouvé qui je suis. Retrouvé l’enfant qui s’était perdue, qui s’est broyée à vouloir tout bien faire comme il faut.


Ca ne fait donc que quelques années que je me sens à ma place. Peu de temps que je jouïe d’être qui je suis, de vivre ce que j’aime, de faire ce qui m’importe.

Et j’ai une furieuse envie d’en profiter pleinement !

Me délecter de cette vie fluide et apaisée qui m’a valu de nombreuses introspections, une multitudes d’expériences bouleversantes, un mal-être à dépasser, des blessures à panser, une hypersensibilité à accepter, une multipotentialité à apprivoiser.


J’ai envie de m’offrir la possibilité d’en profiter pleinement sans que cela ne puisse nuire à quiconque, et surtout pas à un enfant. Vivre à mon rythme implique de longues périodes de solitude, un quotidien irrégulier guidé par la nature et le niveau de mon énergie. J’ai l’intuition que mon hyper sensibilité/sensorialité me demandent un niveau de soin que je ne pourrais m’accorder si mon attention devait être constamment tournée vers l’extérieur prenant la forme d’un nourrisson. L’attention que réclame un bébé me parait bien supérieure à la quantité d’énergie dont je dispose. Je suis hantée par ces personnages des romans que je lisais adolescente, affublés d’une mère alitée car trop faible et sensible pour faire face à ce qu’implique une maisonnée familiale. Peut-être une mère qui ne se sent pas à sa place dans ce rôle ?

Je ne souhaite pas vivre cela, ni le faire vivre à mon conjoint ou mes enfants.


C’est un choix qui peut être jugé égoïste que de m’offrir cet amour, cette attention et ce soin que je pourrais consacrer à autrui. Avec ou sans enfant je serai jugée de toute façon et il me semble de la responsabilité de chacun.e d’être en mesure de s’accorder amour, soin et attention pour se guérir et vivre apaisé.e.

Je ne peux offrir à l'autre que ce que je m'offre.

 

 

Et après moi ?

Qu’adviendra-t’il de moi, de mes créations, de mes actes, une fois que je ne serai plus là ?

Développer une conscience spirituelle du “plus grand que moi”, d’un univers dont je ne suis qu’un infime fragment et auquel je participe tout en n’étant pas indispensable, m’a fait apprivoiser le temps long et la mort comme partie intégrante de la vie.


En-dehors de toute considération religieuse, j’ai toujours eu le sentiment que l’âme perdure au-delà de notre mort physique. Je ressens l’esprit espiègle et solitaire de mon grand-père dans les montagnes qu’il arpentait par passion. La vue de baies colorées dans les broussailles me plonge dans son assiduité à les cueillir jusqu’à la dernière. Chaque statue de Marie au détour d’un village ou de la visite d’une cathédrale, est honorée d’une bougie que j’allume en réponse à la promesse que ma grand-mère croyante m’avait fait faire. Même les ancêtres que je n’ai pas connu perdurent après leur décès, comme mon grand-père horticulteur. Chaque massif fleuri dégoulinant de couleurs me renvoie l’image de ses serres horticoles que je n’ai connu que vides, après la faillite simultanée à sa mort.

Certains de mes gestes comme certains traits de caractère ou encore un attrait pour certains sujets, se sont transmis au fil des générations jusqu’à moi. Parfois même en sautant plusieurs générations ou à mon insu !

Sans descendance, mes gênes ne perdureront pas. Ne pas avoir d’enfant à élever laisse alors poindre une peur aussi veille que l’humanité : la peur de disparaitre.

Pas d’héritier pour jouir de ce que j’aurais bâti, pas de petits-enfants pour honorer une promesse m’assurant de “vivre en eux”, pas d’oreilles attentives s’appuyant sur mon expérience de vie.

Ne pas perdurer dans le monde.


C’est aussi prendre la responsabilité de ne pas prolonger l’héritage de mes lignées d’ancêtres. Un choix individuel qui s’inscrit dans un chemin collectif auquel j’appartiens que je le veuille ou non.


Ne pas perdurer dans le monde.
Tout parait futile et inutile vu par ce prisme. Les obstacles surmontés, les apprentissages intégrés, l’accumulation d’observations et de savoirs. Toute cette expérience sera perdue après moi. N’ayant plus d’autre ambition que celle d’être moi le plus sincèrement possible, ce moi éphémère étant intriqué avec l’action de vivre, je me sens parfois envahie par cette peur du néant de ma vie après ma mort.

 

Mais je ne souhaite pas faire un choix motivé par la peur. C’est une émotion qui contraint, qui crispe, qui manipule si je la laisse prendre le dessus. Bras armé de l’égo, la peur est mauvaise conseillère.
Et pourtant c’est bien la peur de la solitude qui est souvent brandi comme argument imparable à enfanter. Devrais-je faire un choix irréversible qui impactera toutes mes années de vie à venir en prévision de ne pas “vieillir seule” ?

 

 

Qu'ai-je envie de vivre et de faire vivre ?

 

Le hibou en peluche est trempée de mes larmes alors que je le serre de toutes mes forces dans la noirceur de la pièce. Mon petit frère respire calmement dans son sommeil. Je sanglote silencieusement afin d’éviter que maman ne m’entende. J’ai besoin de décharger mon incompréhension, ma colère et ma tristesse en larmes.

J’ai 7 ou 8 ans et je ne comprends pas pourquoi mon père pilote n’est jamais là. Dans mon esprit d'enfant hypersensible, il préfère être loin de nous, à l’autre bout du monde. Cette émotion déchirante et passée totalement inaperçue aux adultes qui m’entouraient, je ne veux pas la faire vivre à un enfant qui n’a pas demandé à être là.
Alors oui, je crois que la façon dont nous avons vécu notre enfance, conditionne en partie le chemin que nous prenons dans la parentalité. Si je ne souhaite pas m’occuper d’un enfant, alors je préfère ne pas en faire plutôt que de prendre le risque qu’il ressente cette douleur.

Implacablement, si je fais un enfant, cela m’engage profondément sans retour en arrière possible à être présente et à m’en occuper.
Une exigence envers moi-même que je connais bien et qui m’a déjà menée au burn-out.

Je sais déjà que je ne souhaite pas mettre un enfant au monde pour qu’il vive dans ce que la société lui propose. L’école est à mon sens totalement inadaptée à la fois à son public et à élever vers l’autonomie et l’épanouissement. Si j’étais responsable du développement d’un petit.e humain.e, je voudrais lui offrir de découvrir qui il.elle est, l’accompagner à développer ses talents innés, l’amener à être autonome dans son environnement naturel, à déployer sa créativité et son ingéniosité pour s’adapter en toutes situations. Je voudrais lui transmettre tout ce que mes parents ont réussi à mon sens, et combler tout ce qui m’a manqué.

Elever un enfant est pour moi un projet de vie à part entière qui intime une implication totale. Ce n’est pas que je me sente incapable, je connais ma capacité à puiser au plus profond de moi pour y trouver des ressources. Mais cela est d’une violence extrême, je crains de m’y perdre définitivement.

Il m’a presque fallu 2 décennies pour maitriser mon exigence et mon perfectionnisme dans le travail et la vie quotidienne, pour apprendre à faire "juste ce qu'il faut" plutôt que "de mon mieux". Je ne suis pas certaine de vouloir savoir combien il m’en faudra pour les apprivoiser dans l’éducation de mes enfants.

M’investir beaucoup trop et me perdre moi au profit de ma descendance, voilà un risque que je n’ai pas envie de prendre.

 

 

Gratitude infinie

Nous sommes le 27 Aout, la rentrée scolaire approche à grands pas. Les montagnes qui m’accueillent glissent lentement vers l’été indien tandis que les touristes se font rares. Pères et mères ramènent leur descendance au domicile afin de préparer l’entrée en classes. Chaque année à cette période, je me sens tellement chanceuse d’échapper à la rentrée des classes, aux courses de matériel et de vêtements, à l’organisation des activités, à la découverte des emploi du temps,…

Je me sens si privilégiée d’échapper au calendrier auxquels tout le monde se pli de force.
C’est un choix de sortir de ce carcan temporel mais mon choix serait-il encore possible si j’avais des enfants ?

Il est impossible pour moi d’ignorer cet immense sentiment de gratitude qui m’envahit face à tout ce que j’ai l’impression de m’épargner lorsque j’observe la vie des parents autour de moi.

Mon besoin de liberté se manifeste de multiples façons dans ma vie. Dans la façon dont je la mène en honorant les choix qui m’inspirent même lorsqu’ils ne sont pas compris par autrui. Dans l’organisation de mon quotidien surfant sur les besoins et ressources de mon organisme. Dans la spontanéité de l’inspiration, du mouvement, de la rencontre. La liberté de vivre ma vie en choisissant ce que je fais, où, avec qui et comment, est un besoin viscéral qui remonte à une promesse faite très jeune à l’enfant que j’étais.
“Je ne laisserai personne dicter mon quotidien.”
Pas même un enfant ?

 

Une expérience extraordinaire 

Le sourire d’un enfant, son regard qui s’émerveille, ses petits pas mal assurés, tant de moments attendrissants que vantent les parents et les ouvrages sur la maternité afin de vous donner envie à votre tour, d’embrasser ce rôle. Je reconnais trouver les enfants touchant par moment et parfois même faire de magiques rencontres avec un enfant ouvert à la conversation ! Mais je dois bien avouer que la majorité de ceux rencontrés me semblent plutôt insupportables.

Il y a pleins d’êtres vivants que je trouve mignons et je ne cède pas pour autant à la tentation de les posséder.

“Avoir des enfants” est une expression qui m’a toujours dérangée pour sa dimension possessive. Pourtant à bien y réfléchir, il me semble qu’il s’agit bien davantage d’une dépossession. Dépossession de son corps de femme qui se met au service de l’enfant pour de longs mois, dépossession de son temps qui est alors régit par un être extérieur, dépossession de son sommeil, dépossession de ses pensées ramollit par l’attention constante qu’implique un enfant ainsi que la place qu’il occupe dans lesdites pensées.

Etre parent est probablement un formidable et unique terrain d’apprentissage au lâcher-prise ! Une expérience ordinaire de la vie qui fait émerger l'extraordinaire, une aventure rythmée de points de passages à transcender. Cette dimension de l’expérience attise la curiosité de l’exploratrice que je suis.

Est-il possible d’explorer nos liens au vivant sans en passer par là ?

 

~

 

Vous vous sentez concerné.e par ce questionnement autour de "pourquoi faire ou ne pas faire d'enfant" ?

➰ Constatant quotidiennement qu'avoir un véritable échange sur le sujet est écrasé par les jugements et injonctions de chacuns.es, j'offre un temps de cercle de paroles sur cette thématique pour accueillir nos pensées, nos émotions, nos cheminements... nous nourrir mutuellement sur ce sujet si essentiel dans nos vies qu'il a forcément une place et un impact dans notre écologie personnelle.

Femmes et hommes, avec ou sans enfants, je serai heureuse de vous retrouver pour partager de coeurs à âmes sur ce sujet
MERCREDI 19 OCTOBRE de 18h15 à 19h30 via Zoom

Pour participer, il vous suffit de me faire la demande du lien Zoom par mail à [email protected]

𝐔𝐧𝐞 𝐬𝐞𝐮𝐥𝐞 𝐜𝐨𝐧𝐭𝐫𝐚𝐢𝐧𝐭𝐞 : 𝐯𝐞𝐧𝐢𝐫 𝐥𝐞 𝐜𝐨𝐞𝐮𝐫 𝐞𝐭 𝐥'𝐞𝐬𝐩𝐫𝐢𝐭 𝐠𝐫𝐚𝐧𝐝𝐬 𝐨𝐮𝐯𝐞𝐫𝐭𝐬 𝐝𝐚𝐧𝐬 𝐮𝐧𝐞 𝐯𝐨𝐥𝐨𝐧𝐭𝐞́ 𝐝𝐞 𝐫𝐞𝐬𝐩𝐞𝐜𝐭 𝐝𝐞𝐬 𝐝𝐢𝐟𝐟𝐞́𝐫𝐞𝐧𝐜𝐞𝐬 !

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