MIEUX CONSOMMER, le sens de nos choix (et non choix !)

Quel est le sens de nos actions de consommation au quotidien ?

Savez-vous combien de décisions vous avez pris dans la journée ?

Une étude réalisée par Lightspeed Research en novembre 2017 dans dix pays européen a montré que le cerveau humain prenait jusqu’à 35000 décisions par jour; alors que son propriétaire pensait en prendre à peine une centaine. Afin d’éviter d’être submergé par ces milliers de choix à trancher, notre cerveau traite une immense partie des informations sans que nous n’en ayons conscience.

Cependant, avec l’avènement de notre société occidentale productiviste, un biais s’est formé au fil du temps. Les décisions qui relevaient de notre condition humaine ont pour la plupart d’entre nous été remplacées par des décisions moins essentielles ; au sens moins liées à notre nature qu’au système sociétal que nous avons construit de toutes pièces.

Le travail par exemple, a pris la première place dans notre temps de vie et relègue à l’arrière-plan des domaines pourtant indissociables de notre existence terrestre : aimer, s’abriter, se nourrir (communiquer étant l’exception à la règle !). Mais avons-nous réellement besoin de travailler ? Après tout, les 3 derniers niveaux de nos besoins selon la pyramide de Maslow : besoin d’appartenance, besoin d’estime et besoin d’accomplissement ; ne peuvent-ils pas être comblés autrement que par le travail ? Celui-ci n’est-il pas qu’un moyen parmi d’autres ?

Ajoutons à cela une densification exponentielle des activités grâce (ou à cause) des technologies. Le digital est partout et premier vecteur de l’activité professionnelle. Il complexifie la déconnexion et la préservation du temps personnel qui pourrait être dédié à autre chose. Il induit chez beaucoup d’entre nous une réactivité instantanée et une productivité toujours plus élevée. L’habitat en ville devenu inabordable et la vie citadine trop oppressante; les temps de trajets se sont allongés, accentuant encore notre sentiment permanent de courir après le temps !

Cette multitude de facteurs combinée à l’ingéniosité des médias, marketeurs et publicistes pour inventer de nouveaux besoins; nous amènent à limiter les questions que nous nous posons sur les choix que nous faisons au quotidien. Légitime quand nous additionnons la quantité d’obligations, d’activités, de tâches à réaliser jour après jour. Nous ne pouvons pas être partout, sur tous “les fronts” à la fois !

C’est là qu’intervient ce que j’appelle « les non choix » : les choix que nous faisons par paresse, sans nous poser de question. Nous nous laissons parfois glisser sur la pente de la facilité que nous brandissent les industriels dont le modèle économique est simple : vendre toujours plus pour engranger toujours plus d’argent et de croissance.

Je vous propose donc de prendre un peu de hauteur en commençant par reconnaître que nous sommes aspirés par cette logique du toujours plus, toujours plus vite ! C’est seulement en reconnaissant les faits, que nous pourrons ensuite mette en pause cette spirale infernale de la consommation. Pour regarder en face les choix et non-choix que nous faisons au quotidien.

Parce-que la vie se vit dans la succession de nos actions quotidiennes !

Rassurez-vous, il ne s’agit pas de s’autoflageller ou de culpabiliser au moindre achat ! Il s’agit à mon sens, simplement d’ouvrir les yeux avec honnêteté et franchise sur notre mode de vie pour prendre enfin nos responsabilités. Prendre conscience de ce que je cautionne, de ce que j’alimente directement ou indirectement en achetant « ceci » dans « tel circuit de distribution » peut dans un second temps me motiver (ou non) à faire différemment; pour que mes actes soient plus en adéquation avec mes valeurs et le monde dont j’ai envie.

Alors pourquoi est-ce si difficile de prendre conscience de l’impact de mes choix ?

Je ne vous apprends rien ne vous disant que la mondialisation ajoute à la complexité de nos vies. Nous croulons sous l’afflux d’informations, que notre conscience peine à absorber. Rendez-vous compte à quoi vous devez faire face chaque jour : non plus les problèmes, les relations, les innovations, les joies et les peines de la région ou du pays que vous habitez ; mais ceux du monde entier ! Personnellement, mon esprit et mon cœur ne sont pas en mesure de traiter toutes ces informations et d’accueillir toutes les émotions que cela génère…

Paradoxalement dans cet ère de « google » dans la poche de chacun, il n’a jamais été aussi chronophage et énergivore de chercher à savoir comment est produit le jean que vous aimez tant ! Ou la tomate qui était dans votre salade au petit resto à côté du bureau.

La course à la croissance et le développement des moyens de transports ont tellement étendus les possibilités, que nous sommes passé en quelques générations, d’un monde que nous appréhendions à un monde que nous croyons appréhender. L’industrialisation et la mondialisation nous ont dessaisit de notre capacité à « voir » l’impact de nos choix quotidiens. Les processus de fabrication, de transformations, de transports, nous échappent.

Pour être en mesure de mieux consommer, il faudrait que lorsque j’achète un vêtement / un aliment / un produit / un service ; je puisse savoir sans que cela ne me demande des efforts de recherches et un temps considérables :

• Si les personnes qui ont participé à sa production l’ont fait dans de bonnes conditions et si elles ont été dignement rémunérées pour leur salaire (puisque travail et salaire sont la « norme » de notre société)
• Si la production n’a pas engendré une détérioration quelconque des sols, de la biodiversité, de la qualité de l’eau ou de l’air, de la souffrance etc.
• Si la chaîne complète entre le début de la production et l’arrivée du produit chez moi n’a pas consommé bien trop de ressources et d’énergies

Alors COMMENT REDONNER DU SENS A MES ACTIONS si je n’ai pas vraiment accès à la connaissance de leur impact global ?

• Hiérarchiser mes besoins et apprendre à me limiter
• Décoloniser mon imaginaire de la propagande qui nous rend fortement dépendants à la consommation de biens et produits marchands
• Redécouvrir le lien à mon territoire, celui que j’habite, en me reconnectant à sa production et à son savoir-faire local et spécifique
• Ne plus accepter de profiter de la misère des autres (pays exploités par l’occident, rémunérations indignes, règles sanitaires inexistantes etc)
• Redécouvrir le vrai prix des choses
• Cultiver une logique de pérennité et de durabilité en prenant soin des choses et en réparant
• Cultiver la fierté de faire perdurer les biens matériels même s’ils ont une faible valeur marchande
• Consommer des produits alimentaires de saison et locaux issus d’une agriculture raisonnée, à petite échelle
• Redécouvrir le vivant pour le comprendre et y reprendre ma place d’humain.e
• Apprendre à être plutôt que d’avoir
• Et donc, apprendre à me relier à l’essentiel !

« Ce que nous pouvons faire chacun dans notre vie dépend de qui nous sommes, mais nous pouvons tous faire une différence, tous. » Jane GOODALL

 

Nous le savons, la Terre nous survivra. Sa capacité de résilience et de régénérescence est extraordinaire. Alors que nous, êtres humains, avons rompu les liens qui nous liaient à cette force qui transcende la vie.

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